Sur instruction du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a présidé ce lundi 25 mars la 36ᵉ réunion ordinaire du Conseil des ministres à la Cité de l’Union Africaine. Au cœur des discussions : le maintien de la suspension des exportations de cobalt, une mesure stratégique destinée à assainir le secteur minier et à maximiser les retombées économiques pour la République démocratique du Congo (RDC), premier producteur mondial de ce métal critique.
Dans une communication lue par la cheffe du gouvernement, le président Tshisekedi a réaffirmé l’importance de la suspension temporaire des exportations de cobalt, en vigueur depuis le 22 février 2025. Cette mesure, prise par l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS), vise à « mettre un terme à la commercialisation anarchique » et à « préserver les intérêts économiques nationaux ».
Le chef de l’État a salué les premiers résultats tangibles de cette politique : les cours du cobalt ont bondi de plus de 50 % en un mois, passant de 21 150 à 33 300 dollars la tonne, un niveau inédit depuis mai 2023.
Au-delà de la stabilisation des prix, l’objectif affiché est de transformer la RDC en un acteur clé de la chaîne de valeur mondiale.
« Nous devons cesser d’être un simple fournisseur pour devenir un transformateur et un raffineur compétitif », a insisté le président.
Le gouvernement ambitionne ainsi de développer des infrastructures locales de traitement du cobalt, créant des emplois et captant une plus grande part des bénéfices liés à ce métal essentiel pour les batteries électriques et les technologies vertes.
La suspension des exportations, initialement prévue pour quatre mois, sera maintenue jusqu’à son terme, a confirmé le président Tshisekedi. Une évaluation approfondie sera alors menée pour décider soit de sa prorogation, soit de l’adoption de nouvelles mesures visant à pérenniser « l’équilibre du marché ».
Pour garantir la transparence, l’ARECOMS – seul organe habilité à communiquer sur le sujet – devra produire un rapport mensuel détaillé, en collaboration avec le ministère des Mines. Ces documents analyseront l’évolution des prix, l’efficacité des contrôles et les avancées vers l’industrialisation locale.
Le ministre des Mines et l’ARECOMS ont reçu pour instruction d’appliquer strictement la suspension et de renforcer les inspections sur le terrain, notamment dans les zones minières artisanales souvent critiquées pour leur opacité.
La prochaine échéance, fin juin 2025, sera déterminante. D’ici là, Kinshasa devra concilier pression internationale, attentes locales et réalités géopolitiques, dans un secteur minier qui représente près de 30 % des exportations nationales.